La stérilisation des chiennes (ovariectomie ou ovario-hystérectomie) est pratiquée couramment en France pour limiter la reproduction et prévenir certaines pathologies. Toutefois, cette intervention supprime la production d’hormones sexuelles (œstrogènes et progestérone), soulevant la question de l’utilité d’une supplémentation hormonale chez la chienne stérilisée.
Conséquences hormonales de la stérilisation
La suppression ovarienne entraîne une baisse marquée des œstrogènes et de la progestérone, pouvant induire :
Une augmentation du risque d’incontinence urinaire, notamment chez les chiens de grande race (Roulleau et al., 2016, École Nationale Vétérinaire d’Alfort).
Une prise de poids et des modifications métaboliques (Siliart et al., 2003, Vet Rec).
Des altérations du pelage et de la peau (Roulleau, 2016).
Intérêt des compléments ou substituts hormonaux
L’administration d’hormones vise surtout à prévenir ou traiter l’incontinence urinaire.
Traitement de l’incontinence urinaire
En France, l’incontinence urinaire post-stérilisation touche jusqu’à 20 % des chiennes selon la synthèse de l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments, rapport 2005).
L’estriol (Incurin®) a reçu une autorisation de mise sur le marché en France (AMM n° 2006855, 2006).
L’étude multicentrique coordonnée par le Dr. P. Roulleau (ENVA, 2016) a confirmé l’efficacité de l’estriol dans le contrôle de l’incontinence urinaire chez la chienne stérilisée (Roulleau et al., 2016, ENVA).
D’autres alternatives, comme la phénylpropanolamine, sont aussi validées en France (Siliart et al., 2003).
Sur les autres effets
À ce jour, aucune étude française solide ne justifie l’utilisation de compléments hormonaux pour prévenir la prise de poids ou les modifications cutanées (Siliart et al., 2003).
Risques des traitements hormonaux
L’usage des œstrogènes expose à des risques :
Augmentation du risque de tumeurs mammaires (Salas et al., 2015, ENVA), même si le lien avec une supplémentation courte reste débattu.
Risque d’aplasie médullaire et de troubles sanguins (Joubert et al., 2010, Revue Vétérinaire Clinique).
D’où la nécessité de réserver ces traitements à des cas clairement identifiés, sous contrôle vétérinaire.
Données scientifiques
Roulleau P, et al. (2016). « Incontinence urinaire de la chienne stérilisée : efficacité de l’estriol » - ENVA, Synthèse de cas cliniques.
Siliart B, et al. (2003). « Effets métaboliques de la stérilisation chez la chienne » - Vet Rec 153: 639-643.
Afssa (2005). Rapport sur la santé animale : « Conséquences de la stérilisation ».
Salas G, et al. (2015). « Stérilisation et tumeurs mammaires chez la chienne », ENVA, Revue de Médecine Vétérinaire 166(3-4) : 85-92.
Joubert C, et al. (2010). « Complications des traitements œstrogéniques chez la chienne », Revue Vétérinaire Clinique 45(5) : 231-238.
Conclusion
En France, la supplémentation hormonale chez la chienne stérilisée n’est justifiée que pour traiter l’incontinence urinaire avérée, après évaluation vétérinaire, en raison des risques associés. En dehors de cette indication, les bénéfices ne compensent pas les dangers. La surveillance médicale, une alimentation équilibrée et l’exercice restent les piliers de la gestion post-stérilisation.
Filippo Naso – Éducateur Canin - Méthode Zen Éducation Positive
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