Qu’est-ce que les patrons-moteurs chez le chien ?
Les patrons-moteurs, ou patrons d’action, désignent des séquences comportementales innées et héritées, propres à chaque espèce et, chez le chien, sélectionnées au fil des siècles selon les fonctions recherchées par l’humain (chasse, garde, conduite de troupeaux, etc.). Ces séquences comprennent des gestes précis qui, en s’enchaînant, permettent au chien d’accomplir une tâche naturelle ou de répondre à un stimulus particulier.
Exemples de patrons-moteurs : la poursuite, la capture, le transport, le secouement, le rapport, le flairage, la fixation, l’arrêt, ou encore l’aboiement.
Pourquoi en tenir compte dans l’éducation du chien ?
Comprendre les patrons-moteurs d’un chien, c’est reconnaître ses prédispositions naturelles et ses besoins fondamentaux. Ne pas en tenir compte, c’est risquer de frustrer l’animal, de créer des comportements inadaptés ou des troubles. Une éducation respectueuse des instincts permet :
De canaliser les énergies dans des activités adaptées
D’anticiper et prévenir des comportements problématiques
De renforcer la complicité humain-chien en valorisant ses talents
De proposer des stimulations mentales et physiques épanouissantes
Quelques races de chien, leurs patrons-moteurs dominants et comment les travailler
Border Collie : Patron-moteur de conduite et de fixation (regard intense sur les troupeaux, poursuite contrôlée) : Travail : jeux de recherche, exercices de contrôle de l’impulsion (stop, rappel), agility, obéissance.
Berger Australien : Conduite de troupeau, vigilance, poursuite et arrêt : Travail : exercices de conduite (drive) sur troupeau, jeux de mobilité (agility), travail d'obéissance, jeux de poursuite contrôlée pour canaliser l’énergie et stimuler son intelligence.
Labrador Retriever : Rapport, recherche, apport d’objet : Travail : jeux de lancer/rapporter, pistage, recherche utilitaire, initiation au rapport à l’eau.
Berger Allemand : Protection, flair, conduite : Travail : pistage, obéissance, protection, mantrailing, agility.
Jack Russell Terrier : Fouille, poursuite, capture (instinct de chasse au petit gibier) : Travail : jeux de fouille, « treat search », jeux de chasse simulée, agility pour canaliser l’énergie.
Chien de Saint-Hubert : Flairage, pistage : Travail : pistage, recherche de personnes, jeux de piste olfactive.
Setter Anglais : Arrêt, fixation, poursuite : Travail : initiation au field trial, obéissance, jeux de chasse simulée.
Malinois : Protection, poursuite, flair : Travail : exercices de mordant sportif (ring, mondioring), obéissance, recherche utilitaire.
Beagle : Flairage, poursuite (petit gibier, meute) : Travail : jeux de pistage, balades en longe, activités olfactives.
Husky Sibérien : Traction, poursuite, endurance : Travail : canicross, cani-VTT, randonnées, jeux de poursuite contrôlée.
Épagneul Breton : Arrêt, poursuite, rapport : Travail : initiation à la chasse, jeux de rapport, exercices de stop et rappel.
Comment travailler les patrons-moteurs en éducation canine ?
Canaliser, pas supprimer : Proposer des activités qui respectent l’instinct (jeux de poursuite pour les races actives, exercices olfactifs pour les chiens de chasse).
Contrôler l’expression : Enseigner les auto-contrôles, par exemple utiliser le regard du Border Collie dans des jeux de fixation encadrés.
Stimuler l’intelligence : Pour les races de travail, privilégier des exercices de résolution de problème, de recherche ou des sports canins.
Éviter la frustration : Identifier les situations qui peuvent générer des tensions (ex. : interdire tout jeu de poursuite à un chien de berger peut provoquer frustration et troubles).
Ce que dit la science sur les patrons-moteurs du chien
La littérature scientifique décrit les patrons-moteurs comme des séquences comportementales héritées, façonnées par la domestication et la sélection humaine (Coppinger & Coppinger, 2001 ; Scott & Fuller, 1965). Les études de Raymond Coppinger, John Paul Scott et John L. Fuller ont montré que les races de chiens diffèrent par la prédominance et l’intensité de certains patrons-moteurs, et que l’éducation efficace s’appuie sur la connaissance de ces instincts.
Des recherches récentes (MacLean et al., 2019) soulignent que la prise en compte du patrimoine comportemental améliore la relation chien-humain et réduit les risques de troubles comportementaux. L’idée centrale : l’éducation la plus respectueuse et efficace est celle qui, loin de lutter contre la nature du chien, la valorise et l’oriente.
Conclusion
Tenir compte des patrons-moteurs, c’est prendre en compte l’individualité de chaque chien, respecter son héritage génétique et offrir une vie plus harmonieuse, équilibrée et stimulante. C’est aussi la clé d’une éducation positive, qui valorise les talents naturels de l’animal tout en assurant sa sécurité et celle de l’entourage.
Bibliographie française
Coppinger, R. & Coppinger, L. (2001). Chiens, une histoire de races. Éditions du Seuil.
Johann, F. (2018). L’éthologie canine appliquée. Éditions Ulmer.
Grandjean, D. (2004). Le comportement du chien. Editions du Point Vétérinaire.
Scientifiques cités
Raymond Coppinger
Lorna Coppinger
John Paul Scott
John L. Fuller
Evan L. MacLean
Franck Johann
Dominique Grandjean
Filippo Naso – Éducateur Canin - Méthode Zen Éducation Positive
Contact : 06 74 79 19 78