L’adoption d’un chien qui vient de l’étranger ou des territoires insulaires attire de plus en plus de personnes désireuses d’offrir une seconde chance à un animal en détresse. Ces chiens proviennent souvent de refuges surpeuplés, d’associations de sauvetage, ou sont issus de situations précaires. Cette démarche est généreuse, mais elle requiert une préparation sérieuse afin d’assurer le bien-être du chien et la réussite de son intégration dans son nouveau foyer.
Quelles questions se poser avant d’adopter un chien de l’étranger ?
Adopter un chien rapatrié n’est pas une démarche anodine. Voici les questions fondamentales à se poser :
Suis-je prêt à accueillir un chien possiblement marqué par de la maltraitance, de l’errance ou un passé difficile ?
Ai-je la patience d’accompagner un animal qui pourrait mettre du temps à s’adapter à un nouvel environnement et à la vie domestique ?
Mon logement est-il adapté (jardin, sécurité, espace) ?
Suis-je conscient des démarches sanitaires et administratives (quarantaine, vaccins, identification) liées à l’import d’un chien ?
Ai-je le budget nécessaire pour prendre soin d’un animal qui pourrait nécessiter des soins vétérinaires supplémentaires ou un accompagnement comportemental ?
Suis-je prêt à lui consacrer du temps et l'emmener en balade régulièrement pour le sociabiliser en douceur ?
Quelles informations essentielles à connaître ?
Avant d’adopter, il est crucial de se renseigner sur plusieurs points :
Origine du chien : son pays d’origine, son histoire, son vécu, s’il a vécu en rue, en refuge ou en famille d’accueil.
L’état de santé : vaccinations obligatoires (rage, maladies tropicales), dépistage des maladies endémiques (Leishmaniose, Ehrlichiose, etc.), traitements antiparasitaires, certificat de bonne santé.
Documents administratifs : passeport européen, identification par puce électronique ou tatouage, attestations de stérilisation/castration si applicable.
Comportement observé : niveau de sociabilité avec humains et congénères, réactions face à divers stimuli, capacité à supporter la solitude, propreté, etc.
Accompagnement proposé par l’association : suivi post-adoption, conseils, possibilité de retour ou de changement de famille d’accueil si besoin.
Attention aux risques d’anthropomorphisme !
L’anthropomorphisme consiste à attribuer aux animaux des sentiments, pensées ou intentions humaines. Il est naturel de vouloir comprendre et rassurer un chien nouvellement adopté en projetant sur lui nos propres émotions, mais cela peut s’avérer contre-productif, surtout avec un chien rapatrié d’un contexte difficile. Interpréter ses réactions comme de la "jalousie", de la "culpabilité" ou un "manque d’amour" peut mener à des erreurs dans la façon de répondre à ses besoins réels. Il est important de se rappeler que les chiens communiquent et réagissent selon leur propre langage et leurs propres codes, différents des nôtres. Privilégier l’observation, la patience et l’accompagnement adapté permet de favoriser une adaptation harmonieuse et respectueuse de l’animal.
Le chien aura-t-il peur en arrivant chez moi ?
Il est très fréquent qu’un chien rapatrié manifeste de la peur ou de la méfiance lors de son arrivée dans un nouvel environnement. Les raisons sont multiples : fatigue du voyage, désorientation, perte de repères, souvenirs d’expériences traumatisantes. Certains chiens peuvent rester prostrés, d’autres fuir ou montrer de l’agressivité par peur. Il est essentiel d’anticiper ces réactions et de faire preuve de compréhension, de patience et de douceur, en évitant toute pression ou contrainte dans les premiers jours.
Quelle conduite adopter à l’arrivée du chien ?
L’accueil d’un chien venant de l’étranger doit être préparé avec soin :
Laisser le chien explorer tranquillement son nouvel espace, sans le brusquer ni sur-stimuler.
Prévoir un coin calme et sécurisé où il pourra se réfugier s’il en ressent le besoin.
Limiter les sollicitations (visites, bruits, sorties) durant les premiers jours.
Respecter son rythme : chaque chien réagit et s’adapte différemment.
Mettre en place une routine stable (horaires des repas, promenades, dodo) pour le rassurer.
Utiliser des méthodes positives : renforcer les comportements souhaités par des friandises, des caresses ou des encouragements verbaux.
La règle des 3-3-3 pour l’adaptation du chien
La « règle des 3-3-3 » est un repère pour comprendre les étapes d’adaptation d’un chien dans son nouveau foyer :
3 jours : le chien découvre, observe, peut être craintif ou distant. Il a besoin de calme et de sécurité.
3 semaines : il commence à comprendre la routine, prend confiance, montre sa personnalité, mais peut aussi tester certaines limites.
3 mois : l’animal s’intègre pleinement, ses repères sont établis, il développe une relation stable avec son entourage.
Cette règle n’est pas absolue, chaque chien évolue à son rythme, mais elle aide à anticiper les phases sensibles.
Quels troubles du comportement peuvent avoir les chiens rapatriés de l’étranger ou des îles ?
De nombreux chiens adoptés à l’étranger présentent des troubles liés à leur passé :
Peur de l’humain, méfiance excessive, réactions de fuite ou de défense.
Problèmes de propreté, difficulté à rester seul, destruction, aboiements excessifs.
Agitation, hypervigilance ou, au contraire, léthargie et apathie.
Sociabilisation difficile avec d’autres animaux ou avec les enfants.
Traumatismes profonds pouvant conduire à l’agressivité ou à l’automutilation dans de rares cas.
La plupart de ces troubles diminuent avec un environnement stable, du temps et de la bienveillance. Cependant, certains chiens auront besoin d’un accompagnement professionnel.
Quand faire appel à un éducateur canin ?
Il est judicieux de consulter un éducateur canin, idéalement formé à la méthode positive, si :
Les troubles du comportement persistent ou s’aggravent malgré vos efforts.
Le chien manifeste de l’agressivité, des peurs extrêmes ou des conduites à risque.
Vous vous sentez dépassé·e ou démuni·e face à ses réactions.
Vous souhaitez mettre en place les meilleures bases pour une relation harmonieuse.
Un éducateur professionnel pourra évaluer la situation, vous proposer des exercices adaptés et vous accompagner sur mesure.
Quelles associations rapatrient des chiens de l’étranger ?
Plusieurs associations sont spécialisées dans le rapatriement et l’adoption de chiens venus de l’étranger ou des îles. Parmi les plus connues :
Remember Me France : sauvetage de chiens roumains et d’autres pays d’Europe de l’Est.
La Tribu des Crocs-Mignons : rapatriement depuis les îles françaises (La Réunion, Guadeloupe, etc.).
Association Mukitza : aide aux refuges d’Europe de l’Est, rapatriement et soins vétérinaires.
Galgos France : spécialisée dans l’adoption de lévriers d’Espagne.
Les 4 Pattes au Pays des 4 Lacs : chiens venant principalement des pays d’Europe centrale et orientale.
Patounes sans frontières : association œuvrant pour le sauvetage et le rapatriement de chiens venus de l’étranger.
Avant toute démarche, il est vivement conseillé de vérifier la réputation de l’association, la transparence de ses pratiques, et de demander des retours d’expérience d’autres adoptant·e·s.
Conclusion
Adopter un chien venant de l’étranger ou des îles est une aventure humaine forte, qui nécessite ouverture, engagement et patience. Bien informé·e, bien entouré·e et avec une dose de bienveillance, il est possible d’offrir à un chien une nouvelle vie pleine d’amour et de sécurité, tout en vivant une expérience enrichissante et inoubliable.
Filippo Naso – Éducateur Canin - Méthode Zen Éducation Positive
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